Mercredi 4 avril 2012 |
Cimetière du Père Lachaise |
14 :00 |
Métro |
Gambetta |
Paris « Underground » |
Le cimetière du Père Lachaise (5ème lieu le plus visité dans la capitale) appartient au 19 cimetières que compte Paris inra-muros. C’est le plus connu des cimetières parisiens avec ceux du Montparnasse et de Montmartre.
44 hectares dans Paris… Le plus grand « espace vert » divisé en 97 divisions dont chacune d’elle « héberge » célébrités et inconnus quelque soit leur appartenance religieuse… En effet depuis la révolution française, les cimetières confessionnelles sont interdits en France ; une décision qui fait référence à l’une des maximes de l’actuelle république française « l’égalité » pour tous… (en théorie).
Un petit peu d’histoire
Au moyen-âge, ce terrain porte le nom de Champ l’Evêque puisqu’il appartient à l’Evêché de Paris qui en profite pour y planter des vignes et quelques arbres fruitiers. Au XIVème siècle la parcelle est achetée par un riche épicier Regnault de Wandonne qui y installe sa maison de campagne. La propriété prend alors le nom de Folie-Regnault qui est encore actuellement le nom d’une rue du XIe arrondissement de Paris.
Quelques deux cents ans plus tard, A l’époque moderne, la Folie-Regnault est rachetée par Marie de l’Huillier, pour le compte des Pères Jésuites qui vont en faire un lieu de retraite et un cimetière. Girault de Saint-Fargeau, répertoriant les plus beaux lieux de France (ancêtres des guides touristiques d’aujourd’hui) écrira à propos de cet espace : « il est peu d’endroits dans les environs de Paris, dont la perspective soit aussi étendue et aussi variée… »
Le calme de ce champs l’Evèque ou Folie-Régnault va pourtant être bouleversé au plein milieu du XVIIème siècle par celui qui le marquera à jamais, François d’Aix de La Chaise (1624 – 1709), Père Jésuite et en plus de tout cela confesseur de louis XIV. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la fonction de confesseur ne s’arrête pas qu’à la clôture des couvents ou des monastères, François s’avère aussi bon confesseur que bon vivant… Très bon vivant même…
- Bon vivant ? Il va faire de ce lieu un havre magnifique dans lequel il y reçoit toutes celles et tous ceux qui cherchent à obtenir quelques faveurs du très dépensiers Louis XIV, bâtisseur de Versailles. Toute la cours avant et après avoir arpenté les couloirs de Versailles et sa galerie, passèrent et passeront au Mont-Louis, nouveau nom donné à ce champs du repos soudainement très agité !
- Très bon vivant ? Car François d’Aix de La Chaise remplissait sa tâche d’intermédiaire auprès de sa majesté de plusieurs façons… En religion, titre oblige ; en politique, fonction obligeant mais aussi en relation intime… Et oui notre François connu dans l’intimité nombre des favorites du roi et même la plus favorite de ce dernier, la veuve Scaron, Madame de Maintenon.
Après que François eu a son tour franchit la frontière entre vivant et mortel, la compagnie de Jésus ne put garder ce territoire, les taxes y étaient trop lourdes. Après être passé entre les mains de nombreux propriétaires, la ville de Paris en fait l’acquisition au début du XIXème siècle pour le transformer en véritable nécropole. C’est l’architecte Alexandre Brogniart (1770-1847) qui est chargé de l’aménagement des parcelles. Quatre-vingt-dix-sept divisions sont planifiées. Le « Cimetière de l’Est parisien » ouvre en 1804.
Pourtant et c’est intéressant, le lieu n’a pas au début les faveurs des parisiens… Alors pour essayer de résorber ce fâcheux revers, la maire de Paris se lance dans une opération de promotion en choisissant d’exhumer des os célèbres afin de marquer sa future nécropole d’hôtes prestigieux ! Ainsi Molière, La Fontaine ainsi qu’ELoïse et Abélard serontt transférés en grande pompe au Père Lachaise dans des tombeaux rutilant et issus des meilleurs artistes de l’époque…
Et ça marche ! Puisque des 1977 tombes recensées en en 1815, la nécropole en compte, 15 ans plus tard, plus de 30 000 ! Le succès amorcé par cette opération de promotion ne se dément pas car les dépouilles de Molière et La Fontaine, attirent une grande partie du gratin parisien. Entre 1824 et 1850, la nécropole connait 6 agrandissements ! On estime le nombre de personnes à près du million aujourd’hui, à quelques milliers près…
Des secteurs confessionnels dans un cimetière républicain !
Et oui, là aussi l’exception confirme la règle ! Outre le fait que la nécropole contient un secteur israélite puisque dans ses agrandissement successifs il finit par englober un petit cimetière juif, le Père Lachaise avait aussi un secteur musulman avec une mosquée et ce depuis le second empire, et donc bien après que la république ait interdit les cimetières confessionnels !
Reconnaissance des particularités religieuse ? Prémice d’une dialogue inter-religieux traversant toutes les frontières ? Rien de tout cela au demeurant, mais un simple réalisme politique. Il faut savoir qu’à cette époque Napoléon III avait engagé la France dans une guerre en Crimée et cherchaient les bonnes grâces du sultan ottoman. Elle est détruite en 1914… Lorsque par un curieux hasard, le même pays ne se trouve plus, cette fois-ci dans le camp de la France…
Du sang sur les tombes du Père Lachaise.
Vie, mort, religion, politique, sexe mais aussi sang… Le Père Lachaise est marqué par un événement douloureux dans la mémoire des parisiens ; la Commune qui suit la chute du second empire. La Commune rassemble les parisiens qui n’acceptent pas l’armistice signé avec la Prusse et qui finissent par défier le nouveau pouvoir qui pour l’occasion déménage à Versailles. Des combats violents opposent ainsi les parisiens qui « se fédèrent » avec les forces gouvernementales ; l’un des massacres les plus violents se déroule dans l’enceinte même du cimetière dans lequel les fédérés furent massacré les uns après les autres jusqu’au dernier. Un mur « celui des fédérés » rappelle ce triste événement.
Guy Labarraque
Source :
DANSEL, M. (2002) , Les cimetières de Paris. Promenades historiques, anecdotiques et capricieuses, Paris Seld /Jean-Cyrille Godeffroy, 255 p.
Pour se préparer à la visite
Réfléchir à l’épitaphe de l’un des propriétaires du Père Lachaise :
« Néant des choses humaines,Louis Baron Desfontaines, ancien conseiller au Chatelet de Paris et ancien propriétaire du Père Lachaise, où il passa sa jeunesse n’occupe , dans ce même lieu que la place de sa tombe. »
J’ai trouvé les messages de blog sympa ici. J’apprécie la méthode que vous définissez.
Bien!